Nous n’allons pas dans cet article vous présenter les différentes méthodes que nous enseignons, mais plutôt la réflexion globale que vous devez avoir avant d’en choisir une plutôt qu’une autre.
Chacun ayant une pratique différente, il paraît évident que tous ne privilégieront pas la même méthode. Mais au delà des différences entres les multiples disciplines sportives associées au TLD, et de l’évidente fracture entre le monde civil et professionnel, les tirs peuvent se succéder sans se ressembler. Un militaire, par exemple, n’aura pas les mêmes contraintes s’il traite une cible après avoir été 24h sur position ou s’il est pris à partie.
Adopter plusieurs procédés tout en ayant une seule pratique sera tout à fait pertinent pour un certain nombre de tireurs.
Nous aimons définir le Tir Longue Distance comme un compromis entre la précision recherchée et les contraintes inhérentes à votre tir.
Laissez-nous vous présenter ces deux paramètres.
La norme de précision
Souvent on entend les tireurs se vanter d’avoir touché une cible à telle ou telle distance. Mais la taille de cet objectif est régulièrement passée sous silence.
Tout le monde comprendra aisément que, toutes choses étant égales par ailleurs, toucher une cible de 15 cm de diamètre à 400 mètres est plus difficile que d’en toucher une de 50 cm de diamètre à 500 mètres.
Cette norme de précision nous est le plus souvent imposée. Soit par la réglementation pour les compétitions, soit par le terrain et l’ennemi pour les professionnels.
Nous ne pouvons donc pas la négocier, mais nous pouvons accepter de toucher sans faire un tir parfait. Voyons donc de quelle manière nous pouvons le faire en nous adaptant aux contraintes.
2) Les contraintes du tir
Le stress
Sans rentrer dans tous les détails qui concernent l’aspect physiologique du stress, rappelons que la perte de capacité de raisonnement concomitante à son apparition ne soulève plus de débat.
Pour décider dans cet état de stress, le tireur aura pour principal outil sa mémoire de travail.
Appelée également mémoire immédiate, elle permet de gérer en moyenne 7 éléments en simultané.
Ce niveau de de stress peut être controlé voire diminué grâce à un certain nombre de techniques que nous n’évoquerons pas ici.
Soulignons ici l’importance de la simplification des calculs de façon proportionnelle à l’augmentation du niveau de stress.
Pour le professionnel, il sera important que le calcul de ses éléments de tir ne mobilise pas toutes ses facultés cognitives afin que sa conscience de la situation reste la plus élevée possible.
Le temps imparti
Nous parlons bien ici du temps imparti pour traiter la cible à partir d’un temps 0, pas du temps total passé à calculer les éléments.
Car lorsque le temps est limité, tout ce qui peut être fait en amont doit l’être.
Si le temps qui est imparti n’est pas suffisant pour calculer l’ensemble des éléments influant sur le tir, il est important de hiérarchiser ces éléments. Car bien évidemment l’effet de Coriolis n’aura pas autant d’incidence qu’un vent de 4 m/s en plein effet !
Les outils technologiques connectés ( Kestrel, Raptar, logiciels en tous genres,..) peuvent s’avérer des plus-values formidables, mais leur temps de mise en oeuvre peut parfois s’avérer plus long qu’une prise en compte des éléments les plus influents sur le tir par l’homme. Il vaut parfois mieux une réponse imparfaite, mais suffisante immédiatement, qu’une réponse parfaite trop tard.
Le facteur X
Un tir peut être également conditionné par des contraintes propres que nous appellerons « facteur X ». Cela peut se rapporter au degré d’instruction, au niveau d’entraînement, à une blessure, une réglementation, une contrainte tactique…
Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une contrainte exigeant des aménagements à définir au cas par cas.
En conclusion, il est important d’avoir à sa disposition plusieurs méthodes de calcul calibrées en fonction des différents facteurs que nous venons d’aborder.
Plus les contraintes sont importantes, plus notre méthode devra être simplifiée.
Une fois les différentes méthodes sélectionnées, il est important de travailler sur votre processus de décision qui vous fera adopter rapidement l’une ou l’autre.
La plupart des experts, quel que soit le domaine, fonctionnent avec un mécanisme de reconnaissance, plutôt qu’avec un mécanisme analytique .
Gary Klein, définit le modèle de prise de décision « Recognition-Primed Decision » comme : « ce que les individus font vraiment dans les situations où la contrainte temporelle est forte, où les informations sont ambiguës, les buts mal définis et les conditions changeantes » (Klein, 1993).
Pour les professionnels, il est donc primordial de poser des jalons de reconnaissance pour chaque méthode à adopter en fonction de la situation. Et ce de façon la plus réaliste possible à l’entraînement.
Méthode qui devra permettre au tireur de se délester d’une partie de sa charge mentale afin de garder une conscience de situation aussi complète que possible.
Cela permettra en outre de diminuer les risques d’erreur de calcul liée à une surcharge mentale.
N’hésitez pas à partager avec nous vos réflexions sur le sujet !
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